Les positions de vie sont un concept d’analyse transactionnelle, discipline fondée par le médecin et psychiatre américain Eric Berne dans les années 1960.
Ainsi, l’enfant acquiert des certitudes sur lui et les autres. Ces croyances influencent le scénario de vie par le choix préférentiel mais pas exclusif d’une position de base parmi les positions de vie suivantes. D’après Berne, un scénario de vie est “un plan de vie élaboré dans l’enfance (entre 0 et 7 ans), renforcé par les parents, justifié par des événements extérieurs, et qui aboutit à une alternative choisie”.
On observe donc 4 positions de vie, qui témoignent de la valeur que chaque individu s’accorde, et de celle qu’il accorde aux autres. Ces positions de vie peuvent être contextuelles.
- Je suis OK, vous êtes OK (+/+) : il s’agit de la relation idéale selon l’analyse transactionnelle, la seule qui permette de communiquer d’après le modèle Process Communication
- Je suis OK, vous n’êtes pas OK (+/-) : il s’agit d’une position qui génère du mépris, du dédain, de la supériorité. Il s’agit d’une position de mécommunication.
- Je ne suis pas OK, vous êtes OK (-/+) : il s’agit d’une position qui génère un sentiment d’infériorité, de dévalorisation, de doute de soi, de la peur et une certaine forme d’inhibition. Il peut exister une forme de dépendance.
- Je ne suis pas OK, vous n’êtes pas OK (-/-) : position de renoncement, d’abandon, de résignation
Pour Éric Berne et d’autres Analystes Transactionnels, chaque enfant naît “Prince” ou “Princesse”, dans une position de vie fondamentale +/+.
L’enfant, par ses expériences, fait ensuite l’apprentissage de la vie et du monde. Au fur et à mesure qu’il grandit, il apprend ce qu’il est possible de faire, et ce qui ne l’est pas dans son environnement. L’enfant est une véritable éponge, un esprit absorbant si on emploie les termes de la philosophie de Maria Montessori, et ses parents lui transmettent des croyances, des besoins, des désirs, des valeurs, des frustrations, des peurs inconsciemment et consciemment.
L’enfant se construit autour d’un certain nombre de croyances (qui deviennent des certitudes) sur lui-même, les autres et le monde et va inconsciemment créer un plan de vie pour maintenir ces croyances, ce qui découle sur une position de vie privilégiée.
Si l’on rentre dans le détail de chacune des positions :
Je ne suis pas ok, vous êtes ok (-/+).
Une personne qui a un scénario de vie -/+ se dévalorise, et peut mettre d’autres personnes sur un piédestal. C’est une personne qui peut par exemple dire “je ne vais pas postuler à ce poste, il est trop bien pour moi”. La personne se sent inférieure, pas à la hauteur et peut avoir une attitude de repli. Elle perçoit les autres comme des “juges”, des “parents”, qui ont le pouvoir de décider et d’agir pour elle. L’émotion dominante est la peur, et on retrouve aussi de la culpabilité.
Je ne suis pas ok, vous n’êtes pas ok (-/-).
Une personne qui a un scénario de vie -/- peut se sentir délaissée, livrée à elle-même et percevoir son environnement comme hostile. Elle peut être apathique, désespérée, résignée. “Cela ne vaut pas la peine de commencer, je sais déjà que cela va échouer”. Cette position paralyse toute forme d’action constructive. L’émotion qui domine est la tristesse.
Je suis ok, vous ne l’êtes pas (+/-).
Dans cette position, la personne s’accepte telle qu’elle est mais dévalorise les autres. Il ne croit qu’en ses propres valeurs, idées et méthodes et ne fait confiance qu’à lui-même. Il a souvent des attitudes de domination, d’agression et de méfiance. Il peut faire preuve de mépris et de dédain, témoignant de son sentiment de supériorité. L’émotion qui domine est la colère.
Je suis ok, vous êtes ok.
“Cette position est à reconquérir si l’on pense comme Berne que l’on naît prince et que la vie nous transforme en crapaud. En revanche, elle est à gagner ou à découvrir, si l’on pense comme Harris que cette position est le but ultime de la vie, qu’elle n’est plus fondée sur
des sentiments, mais sur des valeurs, qu’elle fait l’objet d’une décision.”. Il s’agit d’une posture où je considère avoir de la valeur, et je considère que mon interlocuteur en a également. Nous pouvons donc communiquer efficacement, collaborer harmonieusement. L’émotion qui domine est la joie.
Si l’on fait le lien avec un autre concept de l’analyse transactionnelle, à savoir le triangle de Karpman, on retrouve :
- Le bourreau ou le persécuteur dans une position de vie +/-. “Je suis meilleur que toi alors tu as intérêt de m’écouter et de faire ce que je te dis!”
- Le sauveur dans une position de vie +/- également. “Je sais ce qui est bon pour toi, fais ce que je te dis et tu me remercieras”
- La victime qui peut être dans une position de vie -/+ ou -/-. “Ce n’est pas juste, c’est toujours à moi que cela arrive”
L’idée en coaching et en thérapie est d’accompagner le client vers une position de vie +/+, il peut être pertinent d’effectuer un travail sur la confiance en soi et sur l’estime de soi.
On peut donc envisager plusieurs stratégies pour amener le client d’une position :
- -/- à +/+
- -/+ à +/+
- +/- à +/+.
Pour cela, le thérapeute peut utiliser les différentes postures pour générer une réaction chez le client, qui l’amènera à prendre conscience de ses stratégies. On peut aussi imaginer utiliser l’hypnose ericksonienne, pour amener le client à tester les différentes positions de façon inconsciente, et laisser son inconscient choisir celle qui est la plus bénéfique pour le client. Le simple fait d’expliquer ce concept à un client peut générer un “insight”, une prise de conscience, et peut être une stratégie pertinente. On peut aussi imaginer un changement de positions perceptuelles.