Le modèle transthéorique (MTT) développé par Prochaska et DiClemente dans les années 1970 est une théorie de changement comportemental basée sur 5 étapes. Ce modèle permet notamment d’expliquer pourquoi certaines interventions en psychothérapie sont plus efficaces chez certaines personnes que d’autres.
Cette théorie permet notamment d’accompagner les personnes qui cherchent à se libérer d’une dépendance ou d’une addiction : elle était initialement utilisée en tabacologie, avec l’idée que les programmes qui aident les gens à arrêter de fumer doivent être adaptés à l’étape de préparation au sevrage où ils se trouvent. Ils sont conçus pour les faire progresser d’étape en étape vers la réussite. Il en va de même pour les programmes de sevrage alcoolique. Aujourd’hui, ce modèle ne s’applique pas seulement au sevrage du tabac ou de l’alcool, mais s’apparente comme un modèle universel du changement, comme celui décrit par Hudson également.
Il présuppose que les fumeurs passent par une série d’étapes de motivation avant de s’occuper d’arrêter de fumer.
Les étapes de changement décrites par Prochaska et DiClemente sont les suivantes :
- la pré-intention, ou pré-contemplation : le sujet fumeur n’a encore aucune volonté de sevrage tabagique,
- l’intention ou la contemplation : le client songe à arrêter de fumer,
- la préparation ou la détermination : prise de décision : il planifie l’arrêt de fumer ;
- l’action : il est activement engagé dans le changement ;
- le maintien / la liberté : le client a réalisé les changements désirés, et fait également preuve de vigilance pour ne pas rechuter.
Parfois, ce modèle est décrit avec une sixième étape qui est la rechute.
Pour accompagner une personne dans son désir de changement, il paraît essentiel de tenir compte du stade où elle se trouve. À chaque étape correspondent des modes d’intervention adaptés.
L’étape de l’intention est la phase qui permet de faire émerger la demande, le désir et l’objectif. La personne était auparavant dans une phase dite de déni ou d’indécision où elle n’avait pas encore conscience de l’importance de changer, et des bénéfices du changement.
Le client est alors à une étape cruciale qui l’amène à émettre l’intention d’un changement. C’est l’exemple de la personne qui va se dire “ça serait bien que je me mette au sport pour améliorer ma santé”, ou bien “ça serait une bonne idée de changer de travail, je commence à m’ennuyer dans cette entreprise”.
Au début de cette phase aussi appelée de contemplation, se manifester l’ambivalence. Le client envisage un changement de comportement, mais il hésite à renoncer aux bénéfices de la situation actuelle. On parle alors de balance décisionnelle, qui amène à comparer les pour et les contre d’un changement avec ceux du comportement actuel.
C’est l’exemple typique du client qui ne trouve plus de sens dans son travail, mais qui ne peut / ne veut pas (encore ?) renoncer à son salaire actuel.
Lors de cette phase, la personne commence à se demander en quoi changer son comportement pourrait lui être bénéfique, et aussi qu’est ce que cela va lui coûter. C’est le moment de l’évaluation des “bénéfices” et des “risques”. Qu’est ce que je gagne à changer ? Qu’est ce que je perds à changer ? Qu’est ce que je gagne à ne pas changer ? Qu’est ce que je perds à ne pas changer ?
Le client peut alors se sentir “perdu”, “dans le brouillard”, ou ne “sait plus sur quel pied danser”. Le questionnement puissant et pertinent d’un coach ou d’un thérapeute lui permettra de clarifier sa situation, et de générer une motivation intrinsèque et durable.
Durant cette phase, le questionnement autour de l’écologie du changement est aussi primordial. Pourrait-il y avoir des bénéfices secondaires à ne pas changer ? Quelles pourraient être les conséquences systémiques sur l’environnement de la personne ?
Rappelons que le client peut évidemment décider de “sortir” du cycle, et d’abandonner l’idée d’un changement qui peut être considéré comme inutile, pas nécessaire, pas prioritaire, pas pertinent.
Un travail sur les valeurs est très souvent opportun, notamment pour générer une motivation à changer, et aussi sur les croyances, sur les appréhensions de la suite pourrait aussi être utile et pertinent. Ces éléments permettront au client de cheminer vers l’étape de la préparation où il envisage de changer à court terme. Pour illustrer cela, on peut prendre l’exemple d’un consultant en techniques informatiques qui gagne très confortablement sa vie, mais voyage une bonne partie du temps et voit peu sa famille. Il aimerait être plus présent de ses proches, et fait appel à un coach : il souhaite changer les choses, mais ne sait pas encore quoi, ni comment. Le coach pourra à ce moment l’accompagner à définir ses besoins profonds et lui proposer ensuite un plan d’action.