Le biais des coûts irrécupérables (ou sunk cost fallacy en anglais) est un biais cognitif qui affecte la prise de décision en économie comportementale [2]. Ce biais se produit lorsque les individus continuent à investir du temps, de l’argent ou d’autres ressources dans une activité ou un projet simplement parce qu’ils ont déjà investi des ressources précédemment, même si cela est irrationnel [4]. Ce biais est en lien étroit avec le biais cognitif d’aversion à la perte.
Ce biais peut avoir des conséquences négatives importantes sur la prise de décision, en empêchant les individus de couper leurs pertes et de poursuivre des projets qui ne sont plus viables ou rentables [1]. En d’autres termes, les individus peuvent se retrouver dans une situation où ils continuent à investir des ressources précieuses dans un projet ou une activité qui ne fonctionne pas simplement parce qu’ils ont déjà investi des ressources précédemment, ce qui peut les amener à subir des pertes encore plus importantes.
Le biais des coûts irrécupérables peut également être lié à la psychologie de l’engagement, où les individus ont tendance à persévérer dans une activité ou un projet en raison de leur engagement ou de leur investissement antérieur [3]. Pour éviter ce biais, il est important d’être conscient de l’investissement antérieur et de se concentrer sur les coûts et les bénéfices actuels de l’activité ou du projet.
Par exemple, un développeur peut avoir investi beaucoup de temps et d’efforts dans le développement d’un logiciel, mais peut rencontrer des problèmes critiques qui rendent le projet non viable. Cependant, le développeur peut être tenté de continuer à travailler sur le projet parce qu’il a déjà investi beaucoup de temps et d’argent, même si cela signifie que le projet ne sera jamais rentable.
La Philharmonie de Paris est un exemple de biais des coûts irrécupérables. En effet, évalué à 173,1 millions d’euros lors de son préprogramme en 2006, le coût initial de la construction de la Philharmonie de Paris a finalement coûté à 534,7 millions d’euros, soit trois fois plus que prévu [5]. Ce dépassement de budget peut être expliqué par un phénomène de biais cognitif appelé biais des coûts irrécupérables, qui consiste à poursuivre un projet coûteux malgré son manque de rentabilité ou son échec, en raison des sommes déjà investies et donc irrécupérables [6]. Ce biais est fréquent en économie et en gestion de projet, comme le montre l’exemple de la Philharmonie de Paris.
À l’ouverture en janvier 2015, la salle de concert a rapidement fait face à des critiques, notamment en raison de son acoustique jugée décevante par certains musiciens et auditeurs. Malgré cela, la direction de la Philharmonie a décidé de maintenir les programmes et de continuer à organiser des concerts dans la salle, justifiant cette décision par les coûts déjà engagés dans la construction de la salle [source]. Cet exemple illustre le biais des coûts irrécupérables car la direction de la Philharmonie de Paris a continué à maintenir une décision en se basant sur les coûts déjà engagés dans le projet, même si cela ne correspondait pas nécessairement à une décision rationnelle fondée sur les avantages et les inconvénients réels de maintenir les programmes dans la salle de concert.
Un autre exemple de l’effet d’investissement antérieur pourrait se produire dans le cadre d’un projet immobilier. Si un investisseur a déjà investi une somme importante dans la construction d’une maison, mais que les coûts supplémentaires nécessaires pour terminer la maison sont beaucoup plus élevés que prévu, l’investisseur peut être tenté de poursuivre le projet simplement parce qu’il a déjà investi une somme importante.
En somme, le biais des coûts irrécupérables est un biais cognitif courant qui peut avoir des conséquences négatives importantes sur la prise de décision. Pour éviter ce biais, il est important de se concentrer sur les coûts et les bénéfices actuels de l’activité ou du projet, plutôt que sur l’investissement antérieur.
[1] « En économie, les « coûts irrécupérables » représentent les dépenses effectuées qui ne peuvent être recouvrées, autrement dit, les investissements non remboursables, tel que largent versé dans un projet ou le temps passé à entretenir une relation. »
URL: https://asana.com/fr/resources/sunk-cost-fallacy
[2] « En économie comportementale et dans lanalyse de la décision, les coûts irrécupérables ( sunk cost en anglais) sont les coûts qui ont déjà été payés définitivement ; ils ne sont ni remboursables, ni récupérables par un autre moyen. »
URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Co%C3%BBt_irr%C3%A9cup%C3%A9rable
[3] « En économie comportementale, les coûts irrécupérables … »
URL: https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/biais-couts-irrecuperables
[4] « Le biais des coûts irrécupérables ( Sunk Cost Effect en anglais) est la tendance quont les individus à être influencés de manière irrationnelle par des décisions prises antérieurement (investissement financier réalisé, temps passé, efforts consentis, etc.) dans le cadre dun projet ou dune activité, lorsque se pose la question de les poursuivr… »
URL: https://www.toupie.org/Biais/Biais_couts_irrecuperables.htm
[5] « Alors que la mythique salle Pleyel vient de passer dans le giron de Marc Ladreit de Lacharrière, un nouveau grand lieu de concert, la Philharmonie, va ouvrir ses portes ce 14 janvier à Paris,… »
URL: https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/culture-loisirs/pourquoi-la-philharmonie-de-paris-coute-t-elle-trois-fois-plus-que-prevu_AN-201501130208.html
[6] « Evaluée à 173,1 millions deuros lors de son préprogramme en 2006, la construction de Philharmonie de Paris a en réalité côuté à 534,7 millions (valeur en 2015), selon un rapport de la… »
URL: https://www.lefigaro.fr/culture/2016/09/24/03004-20160924ARTFIG00037-la-philharmonie-de-paris-a-coute-trois-plus-que-prevu.php