L’argumentum ad misericordiam, que l’on retrouve aussi sous l’appellation d’appel à la pitié, est un sophisme qui permet obtenir l’appui de son argument en exploitant un sentiment de pitié ou de culpabilité chez son interlocuteur. L’appel à la pitié est une forme d’appel à l’émotion, qui est un procédé rhétorique plus global.
C’est le cas dans l’exemple d’un étudiant qui irait voir son enseignant à la suite d’un examen où il aurait obtenu une note qui ne le satisfait pas et tiendrait ces propos « Monsieur, j’ai travaillé toute la nuit d’arrache-pied, je n’ai pas dormi… je n’ai même pas eu la même note que Clément, qui lui n’a même pas révisé ! »
Souvent, la personne qui utilise ce procédé peut aussi faire appel à l’injustice, biais cognitifs que l’on appelle souvent « croyance en un monde juste« . La notion d’injustice fera souvent appel à la pitié, ou au contraire à la colère. Comme le décrit Daniel Kahneman dans son ouvrage “Système 1, Système 2 : les 2 systèmes de la pensée”, l’être humain prend très souvent ses réactions de façon émotionnelle (avec le système 1), et vient ensuite justifier cette décision avec le second système et des arguments plus “rationnels”. Faire appel aux émotions ou aux sentiments de l’interlocuteur est un procédé d’influence qui peut, par extension, influencer son opinion, et ses actions.
En thérapie, et en hypnose ericksonienne notamment, il est possible d’utiliser cet effet dans une métaphore. Un appel à la pitié qui fonctionne génère une alliance entre la personne prise en pitié et le protagoniste. Cela pourrait être utile de créer un appel à la pitié pour un personnage d’une métaphore qui aura un système de croyances qui pourrait être facilitant pour le client.
« La pauvre tortue était épuisée à force de porter sa fichue carapace, qui chaque jour, semblait de plus en plus lourde. Un beau jour, elle prit la décision de s’en séparer, car elle avait compris qu’en plus de l’alléger, elle n’en avait pas besoin pour se protéger. »
En éprouvant de la compassion ou de la pitié pour le personnage de l’histoire, le client peut s’identifier plus facilement à lui et va inconsciemment se délester de certains éléments qui alourdissent son présent.
Stratégiquement, c’est un procédé qui peut aussi être utilisé en coaching, soit pour générer une réaction spécifique chez le client, soit pour lui faire prendre conscience de l’utilisation de ce procédé, qui peut d’ailleurs être en lien avec la posture de victime dans le triangle de Karpman, avec une stratégie de type « effet miroir ».