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La catalepsie en hypnose : tout savoir sur ce phénomène hypnotique bluffant

Sébastien Joumel,  12 octobre 2023 (date de mise à jour) 

La catalepsie en hypnose : définition 

La catalepsie est un terme médical qui décrit un état caractérisé par une perte temporaire de la motricité musculaire et une réduction de la réactivité aux stimuli externes. Pendant un épisode de catalepsie, une personne peut sembler figée dans une posture, souvent maintenue de manière rigide, sans pouvoir bouger ou répondre à des stimuli. 

En hypnose, la catalepsie correspond à la rigidification du corps ou d’un membre (par exemple, le bras), créé par une suggestion durant un état hypnotique. Cette catalepsie peut être produite en hypnose ericksonienne, mais aussi en hypnose elmanienne (que l’on appelle aussi speed hypnose)

Cela peut sembler presque surnaturel, mais c’est simplement l’effet de la suggestion hypnotique.

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La catalepsie hypnotique : origines et histoire

Voici quelques personnages qui ont étudié et exploré le phénomène de la catalepsie hypnotique.

  1. Franz Anton Mesmer (1734-1815) : L’histoire de la catalepsie en hypnose commence avec Franz Mesmer, un médecin autrichien qui a développé la théorie du magnétisme animal au XVIIIe siècle. Mesmer croyait en l’existence d’une énergie invisible qu’il appelait le « magnétisme animal » et a réalisé des séances de magnétisme pour traiter diverses affections. Certaines de ses pratiques, telles que la fixation du regard, ont des similitudes avec les techniques d’induction hypnotique modernes.
  1. James Braid (1795-1860) : Braid, un médecin écossais, est considéré comme le père de l’hypnose moderne. Il a introduit le terme « hypnose » et a étudié en profondeur les états hypnotiques. Braid a expérimenté la catalepsie hypnotique, notant comment les sujets pouvaient rester figés dans certaines positions sur suggestion de l’hypnotiseur.
  1. Ambroise-Auguste Liébeault (1823-1904) et Hippolyte Bernheim (1840-1919) : Ces deux médecins français ont joué un rôle majeur dans le développement de l’hypnose thérapeutique. Ils ont utilisé la catalepsie en hypnose pour traiter divers troubles et affections, contribuant ainsi à l’acceptation de l’hypnose en tant que méthode médicale légitime.
  1. Sigmund Freud (1856-1939) : Le célèbre psychanalyste Sigmund Freud a également exploré l’hypnose et la catalepsie dans le cadre de ses études sur l’inconscient. Bien qu’il ait ensuite abandonné l’hypnose en faveur de la psychanalyse, ses expériences ont contribué à la compréhension de l’hypnose et de ses phénomènes, dont la catalepsie.

Au fil du temps, la catalepsie en hypnose est devenue un élément clé de la pratique hypnotique. Elle est utilisée dans divers contextes, de la thérapie aux spectacles de magie, pour démontrer le pouvoir de l’esprit sur le corps. 

La catalepsie : un indicateur du niveau de profondeur de transe 

La catalepsie est également un indicateur important du niveau de profondeur de transe en hypnose. Elle fait partie intégrante de l’échelle de profondeur de transe développée par la National Guild of Hypnotists (NGH), une organisation renommée dans le domaine de l’hypnose. 

Cette échelle est utilisée pour évaluer le degré de suggestibilité hypnotique d’une personne et comprend généralement plusieurs niveaux, allant de la transe légère à la transe profonde.

L’échelle de la NGH comprend les niveaux suivants :

  1. Hypnoïde : pour valider cet état, vous avez besoin d’une catalepsie des yeux (qui ne peuvent plus s’ouvrir)
  2. Catalepsie mineure : pour valider cet état, vous devez obtenir une catalepsie du bras (qui ne peut plus se plier)
  3. Catalepsie totale : pour valider ce niveau de transe, obtenez une amnésie sélective (oublier un chiffre par exemple)
  4. Amnésie totale : pour valider cette profondeur de transe, votre sujet ne se rappelle plus de qui il est, d’où il se trouve. Ce niveau est utilisé pour les soins de dentisterie nécessitant une analgésie
  5. Somnambulisme : obtenez des hallucinations positives (voir un objet qui n’est pas présent, par exemple des cheveux pour une personne chauve, ou une personne qui n’est pas présente comme Leonardo DiCaprio) pour valider ce niveau de transe. Cette profondeur est utile pour faciliter les accouchements
  6. Somnambulisme profond : pour valider ce niveau, provoquez des hallucinations négatives (rendre des personnes présentes dans l’espace invisibles par exemple). Ce niveau de transe est utilisé notamment pour les interventions chirurgicales courantes.
  7. État Esdaile : il s’agit d’un état catatonique, durant lequel le sujet n’a plus aucun tonus musculaire. Ce niveau de transe est propice pour des chirurgies un peu plus invasives.
  8. État Abysse (aussi appelé Sichort) : il s’agit d’un état d’hyper relaxation durant lequel la guérison serait 6 à 10 fois plus rapide d’après la NGH.
  9. État Expansion (également nommé Height) 

Cette échelle de profondeur de transe a été conçue dans un esprit de simplicité et de praticité, sans visée de normalisation ou de statistiques. Son principal objectif est de permettre une évaluation simple et rapide du niveau de transe par rapport aux objectifs de la séance pour les praticiens en hypnose.

Remarque 1 : dans l’échelle initiale de la NGH, chaque niveau correspond à un usage (par exemple arrêt du tabac, perte de poids). Concernant les aspects psychothérapeutiques, cela ne nous semble pas pertinent, en revanche, cela a son importance pour tout ce qui relève des interventions chirurgicales. 

Remarque 2 : La profondeur de la transe peut varier d’une personne à l’autre, et certains individus atteignent plus facilement des niveaux plus profonds que d’autres. La catalepsie est l’un des indicateurs clés de cette profondeur, montrant à quel point l’esprit du sujet peut influencer son corps. Cependant, il est essentiel que l’hypnothérapeute soit qualifié et compétent pour guider le sujet en toute sécurité à travers ces niveaux de transe.

Remarque 3 : il existe plusieurs échelles de profondeur de transe, souvent utilisées dans les études scientifiques. En voici quelques-unes ci-dessous :

  1. Stanford Scale – 12 niveaux
  2. LeCron-Bordeaux – 50 niveaux
  3. Davis – Husband – 30 niveaux
  4. Arons Depth Scale – 6 niveaux

Les différents types de catalepsie en hypnose 

En hypnose, il existe différents types de catalepsie, chacun caractérisé par la partie du corps touchée ou l’ampleur du phénomène. Voici les catalepsies les plus fréquentes utilisées en hypnose thérapeutique, et également en hypnose de spectacle. 

Catalepsie des Yeux

Les yeux du sujet deviennent figés, généralement en restant fermés et insensibles à la lumière : “et ces yeux sont désormais clos, il vous est désormais impossible de les ouvrir, comme s’ils étaient complètement collés, ils sont fermés et resteront fermés jusqu’à ce que je vous l’indique”. 

Catalepsie des Bras

Dans ce type de catalepsie, les bras du sujet deviennent rigides et restent en suspension, en gardant une position spécifique sans que le sujet puisse les bouger : “et ce bras n’est plus un bras, il s’agit dorénavant d’une barre de fer, complètement rigide, figéée, solide, raide comme une barre de fer, impossible de plier puisqu’il s’agit d’une barre en acier trempé”.

Catalepsie des Jambes

Les jambes du sujet deviennent raides et immobiles, conservant une posture suggérée par l’hypnotiseur : “et ces jambes deviennent complètement rigides, comme des échasses, impossibles de les plier, c’est comme si toutes les articulation étaient verrouillées, bloquées”.

Catalepsie Partielle

La catalepsie partielle concerne une partie spécifique du corps, comme un bras ou une main, tandis que le reste du corps peut rester mobile. Les catalepsies citées plus haut sont des catalepsies partielles.

Catalepsie Corporelle Totale

Dans ce type de catalepsie, l’ensemble du corps du sujet devient rigide et figé, comme s’il était gelé dans une position spécifique. C’est ce qui est utilisé en spectacle, lorsque l’hypnotiseur rend son sujet complètement rigide, et le positionne sur 2 tréteaux (et parfois même grimpe sur son ventre). 

Ces différents types de catalepsie sont souvent utilisés par les hypnotiseurs pour démontrer le pouvoir de l’hypnose et explorer les capacités de l’esprit. Cela peut aussi être utilisé en accompagnement thérapeutique, afin de prouver au sujet qu’il est en transe hypnotique, pour ensuite “magnifier” les suggestions qui suivront, les rendre plus efficaces 

Comment réaliser une catalepsie en hypnose ? 

Cela va dépendre si vous utilisez plutôt l’hypnose ericksonienne ou l’hypnose elmanienne. Dans tous les cas, voici des éléments importants à mettre en place

Établissez un rapport de confiance

Avant de tenter d’induire une catalepsie, il est essentiel d’établir un rapport solide avec la personne que vous hypnotisez. La confiance est cruciale pour que la personne se sente à l’aise et en sécurité. Insistez sur la sécurité. Vous pouvez travailler en hypnose conversationnelle si la personne a des réticences, même s’il paraît plus pertinent de réaliser directement des petits “jeux” ou “exercices” pour que la personne vive les phénomènes hypnotiques.

Induction de l’état hypnotique

Utilisez une technique d’induction hypnotique pour amener la personne dans un état de transe hypnotique. Cela peut inclure des méthodes de relaxation, de fixation du regard, ou de visualisation, ou encore des ruptures de pattern. En fonction de la méthode utilisée, cela peut prendre quelques secondes (speed hypnose) à quelques minutes ou dizaine de minutes (hypnose ericksonienne). 

Suggestion de catalepsie

Une fois le patient en transe , vous pouvez suggérer une catalepsie en précisant la partie du corps que vous souhaitez affecter .

Par exemple, vous pourriez dire : « Votre bras droit devient rigide comme une barre de fer, incapable de bouger. »

Renforcement de la suggestion

Utilisez un langage persuasif pour renforcer la suggestion de catalepsie. Encouragez la personne à ressentir la sensation de rigidité et d’immobilité dans la partie du corps concernée. En hypnose elmanienne, on pourrait dire “Plus vous essaierez de bouger votre bras, et plus celui-ci deviendra rigide”. 

Testez la catalepsie

Demandez à la personne de tenter de bouger la partie du corps que vous avez suggérée comme étant cataleptique. Elle devrait avoir du mal à le faire, ce qui confirme l’induction de la catalepsie. Cela va provoquer un effet “WOW”, une forme de démonstration par la preuve que la personne est en état d’hypnose, et un approfondissement de l’état de transe hypnotique. Si jamais la suggestion ne fait pas effet, nous vous conseillons d’approfondir de nouveau la transe, et de provoquer d’abord une catalepsie des yeux, puis une catalepsie du bras, ou de générer un autre effet (catalepsie des jambes, ou autre).

Annulation de la suggestion

Une fois que la catalepsie a été induite et testée, assurez-vous d’annuler la suggestion. Dites à la personne que la partie du corps peut bouger librement à nouveau.

La catalepsie en hypnose : à quoi ça sert ? 

La catalepsie en hypnose est un phénomène hypnotique puissant qui peut être utilisée dans différents buts. 

Captiver et engager le sujet

Créer des phénomènes hypnotiques tels que la catalepsie peut captiver l’attention du sujet, l’immerger dans l’expérience et établir une connexion profonde avec son inconscient. Cela peut être particulièrement utile pour les personnes qui recherchent des « effets wow » et qui souhaitent vivre une expérience hypnotique profonde et impressionnante. En captivant leur intérêt de cette manière, vous évitez les déceptions potentielles qui pourraient découler de séances perçues comme insatisfaisantes.

Approfondir la transe

La catalepsie en hypnose peut également servir de moyen d’approfondir la transe. Lorsque quelqu’un expérimente la catalepsie, cela peut l’emmener plus profondément dans un état de transe hypnotique. En d’autres termes, la catalepsie est un phénomène qui indique généralement une transe plus profonde, car elle implique un degré de dissociation accrue entre l’esprit conscient et le corps.

La transe hypnotique est souvent caractérisée par une diminution de la conscience du monde extérieur, une focalisation intense sur les suggestions de l’hypnotiseur et un élargissement de l’accès à l’inconscient. L’induction de la catalepsie nécessite souvent une forte concentration et un engagement profond du sujet, ce qui contribue à approfondir la transe.

Intérêt thérapeutique

La catalepsie peut être le point de départ de suggestions thérapeutiques puissantes. Une fois que le sujet accepte la suggestion de la catalepsie, il devient plus réceptif à d’autres suggestions. 

Par exemple, si le sujet peut créer une réalité où son bras est une poutre en acier, alors pourquoi ne pourrait-il pas créer une réalité où il a confiance en soi ? C’est un moyen de travailler sur des problèmes ou des objectifs personnels en glissant des suggestions puissantes.

Communication et Marketing

À l’ère des réseaux sociaux, montrer des démonstrations de catalepsie en hypnose peut attirer l’attention et susciter l’intérêt d’un public plus large. Des vidéos de séances de speed hypnose avec des effets amusants (comme l’impossibilité de ramasser un billet, ou encore l’impossibilité de s’asseoir, qui surviennent après quelques effets cataleptiques) peuvent amener de nouvelles personnes à s’interroger sur l’hypnose et les avantages potentiels de la thérapie hypnotique. Cela peut être un outil efficace pour les praticiens de l’hypnose pour élargir leur clientèle.

Conclusion

La catalepsie hypnotique est un phénomène qui laisse souvent sans voix, et qui, au-delà du show, peut avoir un impact significatif dans la vie des clients que vous accompagnez. Cette technique hypnotique offre bien plus qu’un simple « effet wow » pour impressionner le public. Elle peut être un outil précieux pour les praticiens en hypnose. L’objectif est de créer une auto-suggestion forte de la part de clients “si il est capable de me faire réaliser une catalepsie, alors il ou elle est compéten(e) et va me permettre de m’accompagner”. Cela peut aussi créer l’auto-suggestion suivante : “Je ne pensais pas être capable de vivre cela, alors je dois être capable de vivre d’autres choses incroyables”. C’est évidemment un paramètre intéressant à prendre en compte en séance pour valider le niveau de transe du sujet, mais également pour communiquer efficacement et développer son activité de praticien en hypnose.

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