L’hypnose pourrait-elle ne fonctionner que sur une partie des individus ? Tout le monde peut-il se faire hypnotiser ? C’est une question régulièrement posée lorsque les doutes et la curiosité apparaissent. La réponse se montre en majeure partie du temps rassurante, étant positive. Oui, l’hypnose fonctionne sur tout le monde.
L’hypnose pourrait-elle ne fonctionner que sur une partie des individus ? Tout le monde peut-il se faire hypnotiser ? C’est une question que de nombreuses personnes se posent, et à laquelle les réponses peuvent être plus ou moins explicitées, rassurant pourtant, en majorité, les individus sur une réponse négative. Ainsi, l’hypnose serait accessible par tous, et bénéfique pour tout un chacun.
Devez-vous avoir peur de l’hypnose ?
Concernant l’hypnose, les doutes peuvent être nombreux, souvent rapportés aux clichés qui subsistent sur cette technique, aujourd’hui pourtant validée par la communauté scientifique. D’abord, nombreux sont ceux qui interrogent un lien entre le fait de pouvoir ou non entrer en phase de transe, et un trait particulier de la personnalité. Certaines études auraient interrogé l’influence de certains comportements sur l’hypnotisabilité, sans résultat, étant donné le fait que la capacité cognitive ne se relie en rien à la personnalité d’un individu. De plus, ni lié à la crédulité ou le conformisme, il n’est pas possible d’interroger de possibles clichés qui pourraient déterminer une personne plus apte qu’une autre à entrer en phase de transe. Ainsi, les personnes naïves, que l’on pourrait imaginer plus enclin à être hypnotisées, ne le sont pas forcément.
Une réponse purement scientifique peut être difficilement apportée, encore aujourd’hui. Les chercheurs interrogent un lien entre l’hypnotisabilité et l’activité du cerveau, sans que les théories qui en découlent ne mettent tout le monde d’accord.
De plus, les caractéristiques du point de vue cognitif, génétique et neurophysiologique ne sont pas claires, et ne nous permettent pas d’avancer une réponse purement scientifique. On interroge également un lien entre l’hypnotisabilité et l’activité du cerveau. Selon Gruzelier, chaque hémisphère répondrait d’une manière différente à l’hypnose en fonction du degré d’hypnotisabilité des patients. Les débats et études se poursuivent, et s’accordent sur la forte possibilité d’un état neurophysiologique particulier lors de l’hypnose.
Enfin, l’hypnose serait en partie liée à la curiosité et à l’intérêt personnel, mais pas seulement, comme nous allons le voir.
La suggestion et suggestibilité en hypnose.
Pour comprendre le degré d’hypnotisabilité d’un individu, il est nécessaire de se pencher sur les notions de « suggestion » et de « suggestibilité ». D’abord, la « suggestion » est un processus psychologique par lequel on accepte une idée sans qu’il n’y ait aucune raison logique à cela, et vise donc à accepter quelque chose sans réflexion critique. La suggestibilité est le degré de sensibilité à la suggestion, c’est l’aptitude par laquelle un individu est capable d’accepter une idée, et sa tendance à se réaliser. Cela se trouve être encore plus important lorsque c’est adressé à l’inconscient de l’individu. En d’autres termes, c’est la capacité d’un individu à laisser son esprit en transe hypnotique pour parvenir aux changements positifs favorisés et rendus possible par l’influence de l’hypnose. Cette dernière a une influence directe sur l’esprit, et est donc directement liée à cette notion de suggestibilité. Plus précisément, cela est appelé hypnotisabilité.
Il existe des personnes hautement suggestibles pour qui l’hypnose peut être réalisée avec davantage de facilités. Ces individus hautement hypnotisables représentent environ 5 à 15% de la population, et facilitent la transe hypnotique par leur curiosité qui permet une certaine réceptivité. Alors, il est permis de pousser l’hypnose à son maximum. Par exemple, une expérience fut réalisée sur une volontaire hautement hypnotisable, par une équipe composée de Lionel Naccache (spécialiste des neurosciences cognitives) et Esteban Munoz (chercheur américain), à l’Institut du Cerveau (centre de recherche fondé en 2010). Ils ont induit une surdité hypnotique chez une femme, surdité qui disparu à la fin de l’expérience. Cela montre notamment que connaître le niveau de suggestibilité d’un individu est important pour en déduire la difficulté, ou non, qu’il aura à entrer en hypnose.
Les recherches sont notamment développées aux États-Unis, où est précisé trois niveaux d’hypnotisabilité des personnes, englobant les moins résistants, les individus dans la moyenne, et les plus résistants.
Aux États-Unis, accompagnant les recherches, trois niveaux distinguent les individus plus ou moins hypnotisables. Les personnes les plus à même d’entrer en phase de transe sont à hauteur de 10% dans la société, de même pour la catégorie la plus résistante. Enfin, la catégorie dite « moyenne » se trouve à hauteur de 80%. L’évaluation de l’hypnotisabilité se fait de différentes manières, et à plusieurs échelles. Un simple entretien permet au praticien de se faire un premier avis, avec l’étude des peurs et préjugés sur l’hypnose. Il existe également des inductions hypnotiques qui se rapprochent de techniques de relaxation, et permettent d’étudier le niveau d’hypnotisabilité d’un individu de manière rassurante pour ce dernier, n’étant pas d’ores et déjà poussé en phase de transe. Des scores existent pour classer chaque individu. Entre 0 et 3, l’individu est difficilement hypnotisable. Pour la catégorie la plus élevée, le score peut monter jusqu’à 9 à 12.
Les techniques comme clés de l’hypnose
Ainsi, nous pouvons d’ores et déjà affirmer que tout le monde est hypnotisable. Cependant, les techniques peuvent ne pas fonctionner sur tout le monde. Il va être nécessaire de créer une forte relation de confiance afin que les plus sceptiques puissent connaître la transe hypnotique. Ainsi, le praticien devra s’accorder à son client pour que la phase d’hypnose soit réussie. Tout repose donc sur la confiance.
Milton Erickson, psychologue ayant longuement travaillé l’hypnose clinique, affirme que tout le monde est hypnotisable, en y apportant quelques nuances importantes. Il démontre que ce sont les techniques qui permettent de juger le niveau d’hypnotisabilité d’un individu, et non une réponse arrêtée sur le fait d’être hypnotisable d’office, ou au contraire. Cela rejoint l’idée d’une relation de confiance nécessaire pour parvenir à l’hypnose, encore davantage encouragée pour les plus résistants à l’hypnose.
Le travail durant une séance varie donc d’un client à l’autre, et le niveau de confiance qu’il faut créer entre praticien et patient varie notamment en fonction du niveau de suggestibilité, comme nous venons de le démontrer. Pour illustrer cela, nous pourrions notamment prendre pour idée le fait que dans notre quotidien, la manière d’annoncer une nouvelle délicate varie d’un adulte à un enfant. Pour ce deuxième, il faudra présenter la chose autrement, l’envisager et l’expliquer d’une manière toute autre, pour parvenir au même résultat que l’annonce à l’adulte.
Même les plus résistants peuvent accéder à l’hypnose
Toutefois, ce n’est pas parce que tout le monde peut être hypnotisé, que la tâche sera facile, comme on pourrait le croire. L’hypnose peut également être définie comme une technique de libération de l’inconscient. Cette technique se rapprocherait notamment du fait de se perdre dans nos pensées, comme cela nous arrive plus ou moins souvent. Ainsi, étant donné le fait que cet état naturel, qu’est l’hypnose peut être rencontré à plusieurs reprises dans nos vies, sans que cela ne soit forcément voulu de fait, nous pouvons affirmer que l’hypnose est majoritairement accessible à tous.
Parmi les individus résistants, il est également bon de s’interroger quant à la raison de cette complication à entrer en transe.
Si le client résiste à l’entrée en transe, c’est probablement qu’une partie de lui n’est pas accompagnée. Il s’agit par ailleurs d’un précieux indicateur sur l’attitude du thérapeute. Peut alors être interrogé l’idée d’une relation de confiance à installer pour permettre la pratique de l’hypnose. Ainsi, le praticien n’aurait pas suffisamment consolidé ce rapport de confiance. Cela peut aussi avoir un lien avec les doutes mêmes du thérapeute au sujet de l’hypnose, qui se répercutent ainsi sur le client.
Ainsi, comme nous l’avons déjà évoqué, il y a environ une fourchette de 15 à 20% de la population se montrant cependant davantage résistante à l’hypnose. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas possible de les amener à cette phase de transe, mais qu’il sera plus difficile de le faire, et que les techniques pour y parvenir doivent être réfléchies, et se trouvent être parfois propres à chaque praticien.
La question des troubles mentaux en hypnose
Nous pouvons également évoquer les individus qui ont un trouble mental. Ces dernières faisant partie des rares contre-indications à l’hypnose étant donné le risque qui existe d’aggraver le cas de l’individu, il est nécessaire de s’interroger quant au niveau d’hypnotisabilité existant.
L’hypnose peut être utilisée à but thérapeutique chez les autistes, ou trisomiques, par exemple, pour, notamment, aider à calmer les angoisses, et les apaiser. Pour les narcotiques, ou paranoïaques, l’hypnose peut être efficace, mais seulement si une prise en charge multidisciplinaire est mise en place, avec, entre autres, des psychiatres, médecins ou psychologues, dans certaines mesures, qui suivent le patient. Dans cette mesure seulement, si tous sont coordonnés, l’hypnose peut être envisagée.
Les risques concernent notamment une décompensation psychologique, c’est-à-dire une rupture de l’équilibre qui vise à la réapparition brute de multiples symptômes, ou encore un déplacement du symptôme. Par exemple, une personne qui aurait arrêté de fumer suite à l’hypnose, mais prendrait quinze kilos derrière, ici le symptôme est indéniablement déplacé.
Mais qu’en est-il de leur degré de suggestibilité hypnotique ? Il n’y a pas grande différence, les individus démontrant une psychose particulière n’ayant pas plus de difficultés à être hypnotisés. Cela se joue notamment en fonction du trouble psychotique. Il est également possible que la personne soit déjà dissociée, et déjà dans un état propice à l’hypnose. Ainsi, aucun doute subsiste quant à cette notion d’hypnotisabilité.
Toutefois, un problème pourrait apparaître lorsqu’il est question pour l’individu de se ré associer après la phase de transe, tout en s’assurant que des contraintes psychiques ne soient pas générées. Dans ce cas, le risque premier serait la création de dissonances plus grandes que ce que la personne vivait à l’origine. Ainsi, mettre la personne en état d’hypnose n’est pas le problème, c’est surtout pour la faire revenir et qu’il n’y ait pas de décompensation derrière ou de crise psychotique.
Qu’en est-il de l’auto-hypnose ?
L’auto-hypnose désigne la capacité à s’hypnotiser seul, sans aide d’un praticien, mais simplement par le fait de parvenir à une phase de transe par ces propres moyens. Il est nécessaire de se renseigner au préalable, et suivre une démarche précise pour y parvenir. Pour les plus sceptiques, il est évidemment recommandé de passer par un praticien, sans quoi l’entrée en transe est plus compliquée, la confiance accordée à un praticien étant nécessaire pour dépasser cette idée de doutes. Seul confronté face à ces doutes, l’auto-hypnose est difficilement envisageable.
Il existe, par ailleurs, un présupposé de l’hypnose ericksonienne, selon lequel toute hypnose est auto-hypnose. En effet, selon cette théorie, même avec la mainmise du praticien sur la phase de transe, et sa présence comme guide pour y parvenir, le client restant maître principal, cela ne pourrait être considéré que comme de l’auto-hypnose. C’est avant tout une sorte de permission que l’on se donne de soi à soi, comme un voyage qu’on choisit de faire, on laisse le praticien conduire l’avion pour nous amener à la destination.
Dans certains cas, l’auto-hypnose ne désigne pas seulement cette forme de modification de l’état de conscience qu’il nous est possible de provoquer seul, sans présence d’un praticien, mais également de simples moments d’absences, courts, caractérisés par cette idée de non préméditation. Dans ce cas, l’auto-hypnose, comme l’hypnose encadrée semble à la portée de tous. Certes, il est difficile d’imaginer des individus résistants à l’hypnose parvenir à s’auto-hypnotiser de manière calculée, mais il est toujours possible de parvenir à l’état de transe recherché.
L’hypnose peut également être expérimentée en groupe. Alors, cette hypnose en groupe se réalise de la même manière qu’une « simple » séance d’hypnose, mais avec un groupe de plusieurs personnes sous le guide d’un praticien. Les objectifs sont identiques, généralement se réunissent sous un thème global, et les suggestions hypnotiques conviennent à tous.
Il n’y a pas de nombre de clients maximum pour une séance. Ainsi, il est possible de réaliser de l’hypnose en groupe lors de spectacles par exemple, mais cela nécessite une équipe technique plus grande, de manière à pouvoir encadrer la totalité des individus.
Dans ce cas de figure, la capacité à entrer en transe de chacun est avant tout liée aux techniques du praticien qui va encadrer un nombre plus ou moins important d’individus. Il n’est, pour autant, pas réellement plus difficile d’y parvenir, même pour les moins suggestibles à l’hypnose.
En résumé …
En outre, il a été démontré que de nombreux facteurs entraient en jeu pour déterminer le niveau d’hypnotisabilité d’un individu. Les questionnements concernent à la fois les traits de la personnalité, un possible lien à l’activité du cerveau, ou encore à un fort intérêt personnel, ou non.
On interroge la notion de suggestibilité qui permet de juger le niveau d’hypnotisabilité d’un individu, en fonction de son degré de réceptivité. Alors, ces individus peuvent être hypnotisés avec plus de facilités. Toutefois, dans la grande majorité des cas, il est toujours largement possible pour un individu d’entrer en phase de transe, cela étant notamment lié aux techniques mêmes utilisées par le thérapeuthe. Cela est également lié aux compétences du thérapeuthe, qui ont un rôle premier dans cette question. En effet, la première limite de la thérapie pourrait être considérée comme étant les limites même du thérapeute.
De plus, est interrogé les troubles mentaux, pour qui l’hypnose peut être une solution, sous certaines conditions. Ici, des difficultés peuvent être connues en raison d’une erreur de guidage de la part du praticien, notamment à la phase de réveil, mais le trouble mental en question ne serait pas une barrière à la pratique de l’hypnose. L’auto hypnose, ou simple hypnose selon la théorie ericksonienne, est également accessible à tous, tant que les techniques d’entrée en phase de transe sont connues, et bien expérimentées. Une préparation est nécessaire, mais peut être une réussite même pour les plus sceptiques. Ainsi, l’hypnose est largement accessible, à tous, en de multiples circonstances.