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Origines et histoire de l’hypnose

ext ext, 24 avril 2023 (date de mise à jour) 

Il y a plus de 6000 ans

On retrouve les premières traces écrites de soin par la parole en Mésopotamie. Un manuscrit cunéiforme sumérien décrit des guérisons obtenues par le biais d’états modifiés de conscience.

Il y a 3500 ans

On étudie en Egypte les rapports entre le cerveau et l’esprit (papyrus Edwin Smith). 

Le papyrus Ebers dénombre presque 900 procédés médicaux, dont ce qui ressemble beaucoup à de l’Hypnose. Une stèle égyptienne du temps de Ramsès II décrit aussi une “séance d’hypnose”. 

800 ans plus tard, les philosophes présocratiques comme Pythagore affirment que les nombres sont les “particules de l’âme”… Il décrit aussi les trois strates de fonctionnement du cerveau.

Il y a 2450 ans

Socrate explique que parler aux gens d’une voix terne (“terpnos logos”) les met dans un état de réceptivité, d’ouverture d’esprit : un principe repris plus tard en Hypnose Classique comme en Sophrologie.

Le premier “Inconscient”

Gottfried Leibniz est un chercheur et philosophe humaniste allemand, également juriste, diplomate, philologue, mathématicien… Ce génie touche-à-tout est le premier à parler de l’Inconscient, qu’il baptisait “Automate” (1686).

Du magnétisme à l’Hypnose

En 1766, Franz Anton Mesmer est célèbre pour son utilisation thérapeutique du magnétisme animal. Bien que les historiens le désignent souvent comme l’ancêtre de l’Hypnose, Mesmer n’a toujours parlé que de “magnétisme” ! 

En 1784, le Marquis Chastenet de Puységur, disciple de Mesmer, découvre la transe somnambulique et l’Abbé Faria pose les premiers fondements de l’école de Nancy.

1841, La naissance de l’Hypnose … en tant que “mot”

C’est la date historique à laquelle le chirurgien écossais James Braid pose les bases scientifiques d’une pratique thérapeutique uniquement verbale : l’Hypnose thérapeutique est née ! L’hypnose étant officiellement née, il crée dans la foulée la notion de monoïdéisme : selon Braid la transe hypnotique survient lorsque le patient est concentré sur une seule et unique idée. La théorie du magnétisme, trop impalpable, tend à être remplacée par l’idée d’une relation patient/thérapeute ou sujet/hypnotiseur . De nombreux professionnels de santé se lancent dans l’aventure…

Et puis le temps s’accélère …

  • 1866, Ambroise-Auguste Liébault, médecin de campagne et hypnothérapeute de longue date, convainc le professeur Hippolyte Bernheim de l’importance de l’Hypnose et en particulier de la suggestion verbale (aspect inédit à l’époque). C’est le début de l’École de Nancy.
  • 1869, Karl Robert Eduard Von Hartmann, un philosophe allemand, publie Philosophie de l’inconscient (Die Philosophie des Unbewussten), ce qui lui vaut une renommée mondiale. Déjà présupposé chez Leibniz (1705), le concept d’Inconscient est né.
  • 1878, Jean-Martin Charcot, titulaire de la première chaire de neurologie, ayant découvert l’Hypnose lors d’un spectacle du fameux Donato (Baron d’Hont, Belgique), fonde l’École de la Salpêtrière : l’Hypnose y est définie comme u état pathologique rattaché à l’hystérie !
  • 1885, Sigmund Freud, est passionné d’Hypnose. Il découvre la puissance du phénomène hypnotique lors d’un spectacle d’hypnose de Hansen (Danemark).  gé de 29 ans, il a déjà traduit en allemand les livres de Bernheim et effectue un stage à la Salpêtrière pendant quatre mois, auprès de Charcot, où il rencontre Pierre Janet, à la source de bien des idées à la base de la future psychanalyse. Auteur avec le Dr Breuer d’un livre sur l’Hypnose, il fonde sa compréhension, révolutionnaire pour l’époque, des processus psychiques. Il achèvera sa formation en Hypnose à Nancy avec Bernheim en 1889, mais ne maîtrisera jamais vraiment la technique d’hypnose classique, qu’il abandonnera (à l’époque trop autoritaire, et ne correspondant plus à ses recherches). Toutefois, il enverra toute sa vie les patients ayant besoin d’une thérapie plus que d’une analyse à ses collègues hypnothérapeutes ! (cf. lettre de Freud datant de 1937)
  • 1889, se tient à Paris (à l’Hôtel Dieu) le 1er Congrès International de l’Hypnotisme expérimental et thérapeutique, avec la participation des plus grands noms de l’époque : Liébault, Bernheim, Charcot, Janet (le père de la Psychologie clinique), Richet, Freud, Babinski, William James (père de la Psychologie américaine), etc.
  • 1891, nous voilà en Russie : A.A. Tokarski, mondialement connu pour ses travaux sur la mémoire, inaugure le premier « Cours d’Hypnose et de Psychologie physiologique » à l’Université de Moscou. Un peu plus tard, Ivan Petrovitch Pavlov, à travers son étude du système nerveux supérieur, élabore la théorie neurophysiologique de l’Hypnose, considérée comme un tournant décisif. L’Hypnose serait-elle finalement un état physiologique ?…
  • 1891, en France, le professeur Bernheim vulgarise le terme de « Psychothérapie » afin de désigner l’utilisation de l’Hypnose pour les soins psychologiques. Le néologisme est utilisé pour la première fois en français dans ce sens en titre de son ouvrage « Hypnose, Suggestion et Psychothérapie », paru en 1891.
  • 1900, en France, Émile Coué, pharmacien nancéien, après avoir appris les techniques de l’hypnose auprès de Liébault (importance de la suggestion), répand sadésormais célèbre « Méthode Coué » de par le monde : Paris, Bruxelles, Londres, puis les USA où il est accueilli sur la Cinquième Avenue avec les fastes d’un dirigeant d’État !
  • 1919, l’hypnose est passée de « mode »… Pierre Janet poursuit seul en France ses travaux sur le phénomène hypnotique. Il découvre le phénomène de la régression hypnotique, qu’il utilise à visée cathartique. C’est Janet qui avait renforcé la notion d’Inconscient en thérapie (1886) et qui avait aussi découvert le principe de l’Association Libre, qu’il a fait découvrir au jeune Sigmund Freud, alors en formation d’hypnose avec Charcot à l’hôpital de la Salpêtrière.
  • A la même période, K.M. Bykov, élève de Pavlov, jette les bases de la médecine psychosomatique et démontre que toute une série d’affections comme l’ulcère à l’estomac, l’hypertension artérielle, l’asthme, etc… peuvent être déclenchée par des perturbations de l’activité nerveuse supérieure.
  • Aux Etats-Unis, le psychologue Clark L. Hull, professeur et mentor de Milton Erickson, mène de nombreuses expériences sur l’Hypnose, qu’il décrit comme une partie tout à fait normale de la psyché humaine. Pour Hull, la transe hypnotique est un élément naturel de la conscience, comme les rêves (à l’état éveillé ou endormi). Erickson se détacha de son maître à penser pour fonder une hypnose plus douce et plus moderne.
  • 1957, toujours en Russie, K.I. Platonov analyse l’importance considérable des mots chez les sujets en état hypnotique comme en état de veille « normale ». Une expérience sidérante montre qu’il est possible d’accélérer la coagulation du sang et la cicatrisation d’une plaie ouverte, chez un sujet en transe hypnotique, au son d’un métronome. Ensuite, le seul son du métronome – hors hypnose – suffit à faire coaguler le sang. Et bientôt, on se rend compte que le mot « métronome » a le même effet ! Le cerveau humain est donc capable de se servir d’abstraction pour modifier son équilibre.
  • Avec Velvoski et Nikolaïev, Platonov met aussi au point la méthode d’accouchement dite « psychoprophylactique » (sans douleur). Et pendant ce temps, J.H. Schultz élabore en Allemagne son « Training autogène », inspiré des anciennes techniques d’hypnose d’Oskar Vogt (1900).

Aux États-Unis, les travaux de Milton Hyland Erickson, psychiatre américain né en 1901, bouleversent les conceptions de l’Hypnose et de la Thérapie Brève. Bateson, Watzlawick, Weakland et Haley, membres de la fameuse École de Palo Alto, le considèrent comme le « père de la Communication moderne ». L’Hypnose Ericksonienne est née (1937) et va grandir grâce aux élèves d’Erickson tels de Jay Haley, Jeffrey Zeig ou Ernest Lawrence Rossi. La pratique de Milton Erickson sera également aux origines de la Programmation Neuro-Linguistique (PNL) de Richard Bandler et John Grinder, dans le milieu des années 1970.

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